La grève des sages femmes se poursuit. À l'occasion de la première réunion du groupe de travail ministériel pour la révision de leur statut, elles étaient plus d'une cinquantaine à manifester devant l'hôpital.
« On ne bloque pas de péage, on ne casse rien, alors on n’est pas entendus. » Les sages-femmes de l’hôpital de Poissy ont donc décidé de marquer les esprits. Lundi, à 13h45, plus d’une cinquantaine d’entre elles, dont certaines exerçant en libéral et d’autres venues d’établissements voisins, s’est couchée devant l’établissement, masque blanc sur le visage, sur fond de musique apocalyptique.
« Ce masque symbolise notre invisibilité dans les médias et aux yeux des pouvoirs publics », confie Yannick Noël, en poste depuis une dizaine d’années au centre hospitalier de Poissy-Saint-Germain-en-Laye (Chips). Une action destinée à rappeler leur mobilisation, à l’occasion de la première réunion au ministère de la Santé du groupe de travail pour la révision de leur statut, l’objet de la grogne.
Actuellement affiliées aux professions paramédicales, elles aspirent à obtenir le titre de praticiennes de premier recours. « Nous avons le niveau bac+5 et pourtant, nous sommes payées comme si nous avions bac+3 », confie une jeune sage-femme arrivant tout juste dans la profession. Les grévistes voulaient rappeler également que leur travail ne se résume pas qu’aux accouchements : « Nous disposons du droit de prescription, nous nous chargeons de la contraception, des grossesses mais aussi de la gynécologie, de la période de la puberté à celle de la ménopause », souligne Françoise Damageux, responsable des sages femmes sur l’établissement.
« Notre métier souffre clairement d’un déficit de reconnaissance, poursuit une jeune femme blonde, masque sur le visage, en blouse blanche, et écharpe beige autour du coup. Nous sommes payées comme une infirmière sauf que l’on a plus de responsabilité. »
La pétition lancée au Chips le 16 octobre, au début de la grève nationale, a recueilli plus de 1 000 signatures. Les sages femmes envisagent de continuer le mouvement, bien qu’il n’ait qu’un « impact limité » en raison de leur obligation d’assurer les accouchements. « Depuis le 7 novembre nous avons arrété le codage des actes. C’est de l’argent en moins qui rentrera dans les caisses de l’hôpital », précise Françoise Damageux. Une manière de donner à leur action une portée plus importante.
Poissy, 78 http://www.courrierdesyvelines.fr/2013/12/02/les-sages-femmes-ne-veulent-plus-etre-invisibles/